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ZYGOMATIQUE TACTIQUE

ZYGOMATIQUE PITCHOU

de 6 à 10 ans
de 3 à 6 ans

 

Article de J.O Badia- http://www.lecloudanslaplanche.com

ZOLIES SANSONS, ZOLIES ZISTOIRES

Fabulax poursuit son bout de chemin en compagnie de Ricet Barrier, versant bambins, avec Zygomatique tactique.

C’était il y a un an et Le Clou voyait alors, par d’autres yeux que ceux qui tiennent aujourd’hui la plume de toutes leurs oreilles, un zoli spectacle chantant à la Cave Poésie : Les z’amours z’agricoles, joyeusement enlevé par Jean-Christophe Goedgebuer et Anne Lehmann à partir de chansons de Ricet Barrier. Ayant goûté l’expérience, la Cie Fabulax n’a pas voulu s’arrêter en si bon chemin et est allé demander à l’artiste quelques titres de plus, à l’attention des bambins cette fois. Ainsi naquit, il y a cinq représentations à peine, Zygomatique tactique, spectacle théâtro-musical à tendance zoo-jardinière.

«Ça c’est les graves ; c’est pas grave.»

Comment s’appellent-elles déjà, les deux dames allitérantes à robes désuètes et tabliers horticoles ? Pivoine, Sidoine ? Patrouille, Citrouille ? Ah voilà : Sivoine et Pitrouille, voisines chantantes en décor papier-carton, dont la vocation déclarée n’est rien moins que de réapprendre le bon usage des zygomatiques aux gens nostalgiques à grand renfort de petits airs et petits vers, accordéon, sabots, sifflet ou pouêt-pouêt, cafetière et cuillère de bois.

Petits airs, donc, tous empruntés au plus inoffensif du répertoire de Ricet Barrier, au plus cultivatoire au plus animalier aussi bien. Chanson des poissons – tous aimables salopiots obsédés par la bectance, incapables d’accordéonner, «c’est une éducation à refaire» – complainte de l’éléphant caméléon («ce qu’il faut c’est avoir bon coeur / c’est plus important que la couleur»), chanson de l’escargot, ce supersonique lent, chanson encore des z’homards et des z’haricots, des petits pois («fermez la boooîîîte !») et de la musique, cette amie à mi.

Et petits vers de dix-huit mètres, façon fourmi prise à Desnos, vers éluardiens traduits en poupli-couli de petit pois, fantaisies à la Prévert, mille-pattes et gueule de Carême. C’est bien simple, il n’y manque que Jean Tardieu – «Quoi qu’a dit ? A dit rin.» – pour compléter le parnasse des gouailleurs.

«Quand on est embarrassé, on dit c’est des crustacés.»

On ne présente plus Ricet Barrier, sa moustache, son humour bon enfant d’entre Vermot et Oulipo, ses chansons frères-jacquesques et son bon demi-siècle de carrière au service du mot à bascule. Ne le présentons donc pas, sinon pour s’étonner de tels primeurs entre Les spermatozoïdes et Le cul de la patronne, et se féliciter de pouvoir contrebalancer par leur exemple salutaire les travers de l’instruction contemporaine.

Car l’intention d’Anne Lehmann, Hélène Sarrazin et, à la direction musicale, Jean-Christophe Goedgebuer, est rien moins que didactique : faire goûter aux bambins, par l’exemple chanté ou dit, le bonheur du mot pris côté galipette – tourneboulis du sens, télescopages sonores, absurde cul par-dessus tête et autres plaisirs de bouche, sans oublier de rigoler pour le seul plaisir de l’exercice. A quoi on ajoutera quelques fantaisies visuelles de papier, bienvenues mais hélas trop rares, et la très discrète leçon philosophique d’un carpe diem conçu comme sacerdoce.

Le spectacle est de bon aloi, les bambins ne manquèrent ni de commenter les, ni de rire des amusettes qui leur étaient proposées, et les grands auront goûté sans grimace les goguenardises tranquilles du cher Ricet.

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